Le fixé sous verre

La peinture sur verre sénégalaise appelée aussi fixé sur verre et "souwère" en wolof est arrivé au Sénégal depuis l'Arabie par la Tunisue avec le retour des pélerins musulmans de la Mecque à la fin du XIXème siècle.

Le Sénégal, très trop islamisé puis christianisé, n'a pas de tradition de l'image. Il connait très peu la statuaire et le masque, contrairement au Mali et à la Côte d'Ivoire. Le verre trouve donc au Sénégal un terrain vierge et propice pour y étendre toutes ses splendeurs et la peinture souwère constitue au Sénégal la principale tradition plastique.

Les thèmes de la peinture sur verre traitent initialement des sujets religieux liés à l'Islam local: traditions (rites et histoires), confréries (marabouts) et quotidien (école coranique); puis évoluent vers l'histoire du Sénégal, souvent liée à la colonisation et vers le registre profane: le portrait, les scènes de la vie quotidienne et la sagesse populaire.

Pour tout un chacun, le terme habituel de "sous-verre" évoque une peinture recouverte d'un verre. Or, il n'en est rien. Le verre lui même est peint et sert de support à l'oeuvre comme le papier, la toile ou le bois. Il est à la fois le support et la couche protectrice de la peinture qui est exécutée au dos du verre et donc vue par transparence.

La peinture, à la fois sur et sous le verre, requiert une technique spécifique:

·         l'image doit être peinte inversée puisque le verre est retourné quand l'oeuvre est achevée

·         elle doit être exécutée à rebours puisque les éléments qui apparaissent en surface sont les premiers peints et, bien que recouverts par d'autres couches de peinture, sont toujours visibles.

La réalisation d'un souwère nécessite d'abord de nettoyer et dégraisser la plaque de verre d'une épaisseur de 2 à 3 millimètres et d'une dimension de 40 à 60 centimètres. Le dessin est effectué soit sur papier et reporté ensuite sur le verre, soit directement sur le verre (technique pratiquée par Bass) à l'aide d'une plume ou d'un pinceau fin à la peinture noire, délimitant les surfaces qui seront colorées par la suite.
Tous les détails: inscriptions, signature de l'artiste ou détails qui sur un autre support sont ajoutés en fin de travail doivent être tracés au début et inversés pour apparaitre au premier plan et à l'endroit.
Enfin, une dernière couche de peinture est passée recouvrant l'ensemble de la plaque de verre: parties restées encore à nu comme celles déjà peintes et sèches pour "ficeler" l'oeuvre.

Il est important de noter que Bass a dans un même oeuvre utilisé différents matériaux comme le sable et l'encre de Chine (portraits d'hommes et de femmes) et a parfois laissé en évidence la transparence du verre en ne le recouvrant pas ("les enfants talibés").